Si Emmanuel Macron nous a assuré que l’âge de départ à la retraite à 62 ans était maintenu, l’introduction d’un âge pivot, en dessous duquel le montant des pensions fera l’objet d’un malus, aura pour conséquence, une fois de plus, un allongement de la durée de cotisation des salariés.
Pour justifier ce recul social, l’exécutif n’est pas allé chercher très loin et n’a fait que reprendre les éléments de langage de ses prédécesseurs. Les Français vivent plus longtemps, ils doivent donc travailler plus longtemps. CQFD.
En effet, selon l’INSEE, un homme cadre peut espérer vivre jusqu’à 84 ans, contre 77,6 ans pour un ouvrier. L’espérance de vie d’une cadre est de 88 ans, contre 84,8 pour une ouvrière. Si cet écart de classe reste inacceptable, notre espérance de vie augmente et c’est tant mieux !
Cependant, une donnée tout aussi importante stagne depuis plusieurs années, et a même reculé. Cette donnée, c’est l’espérance de vie sans incapacité, plus connue sous le nom d’espérance de vie en bonne santé.
Après n’avoir fait que grimper dans les années 90 et 2000, l’espérance de vie des hommes en bonne santé piétine depuis 2014 autour de 63 ans. Pour les femmes, cette espérance de vie a connu un recul historique l’année dernière en retombant à 64 ans et demi. Résultat : si la France se situe dans le peloton de tête européen en ce qui concerne l’espérance de vie « tout court », elle n’apparaît que dans la moyenne pour celle en « bonne santé ». La France est même tristement devancée par la Grèce et la Bulgarie et fait jeu égal avec la Pologne !
Ces reculs de l’espérance de vie en bonne santé interviennent au moment où, pour la première fois de notre Histoire sociale, une génération de travailleurs part plus tard à la retraite que la précédente. Simple coïncidence ? Peu probable. C’est justement parce que nous travaillons moins longtemps que nous vivons plus longtemps.
Malek SMIDA
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